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Politikos à Rennes, le Davos de l’image des politiques (màj sept.2019)

Mise à jour, septembre 2019.

 « Il n’y a pas de principe d’annulation », ou comment Politikos manie très bien la langue de bois

Il n’y aura pas de festival Politikos en 2020, c’est l’annonce faite par Jean-Michel Djian à Ouest-France (22/08/2019, https://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/pas-de-festival-politikos-cette-annee-vers-un-retour-en-2020-pas-forcement-rennes-6488561). Retenons de cette histoire que ceux qui ont râlé contre cette initiative avaient raison : douteuse proximité avec le monde politique financeur de l’évènement, au détriment des associations et acteurs locaux du cinéma, festival hors-sol parachuté en plein fiasco Gilets jaunes… La messe était dite. On reste quand même surpris aujourd’hui de la candeur avec laquelle Politikos dit n’avoir pas anticipé qu’à l’automne 2019 commençait une campagne électorale. Proximité ne veut pas dire connaissance.

Le festival s’oriente donc vers la biennale ou le projet de revue : les connaisseurs apprécieront le discours convenu et lisse d’un festival mort-né. Les gourmets du cru apprécieront en prime l’appréciation portée par l’organisateur sur le Couvent des Jacobins, pourtant offert sur un plateau ! : « Il était difficile à gérer. » La langue de bois sert aussi à faire la fine bouche.

Allons, n’en parlons plus ! Juste à redire que le contribuable y a laissé des plumes en argent public, au bénéfice d’un inconnu et, blague, des hommes et des femmes politiques.

Sur ce seul point quand même, le flou n’est plus de mise : « Pas forcément à Rennes, mais on aimerait rester en Bretagne. La Région nous a soutenus et continue. […] Soit les collectivités trouvent un intérêt à notre projet et participent, soit on le fera ailleurs. » Quand à nous, optimistes mais échaudés, nous espérons qu’aucune collectivité territoriale ne s’y laissera plus prendre…

Car gober un truc comme ça, « le traitement du pouvoir est encore tabou au cinéma », c’est se faire entourlouper par inculture. Donc, pendant la pause Politikos, voyez et revoyez des films !

 

Politikos à Rennes, le Davos de l’image des politiques

Davos, c’est le rendez-vous des riches qui parlent ensemble des problèmes des riches, dans un entre-soi qui, du haut des montagnes suisses, baigne dans  l’air pur et domine les problèmes des pauvres et de la planète. À Rennes, ce sera évidemment moins haut qu’à Davos, bien que le Couvent des Jacobins ait été réhaussé de quelques centimètres, quand même ! Le voilà qui se pousse du col pour devenir le rendez-vous d’un nouvel entre-soi : les politiques vont s’y regrouper pour regarder ensemble des images de politiques et parler entre eux des problèmes de l’image des politiques. Ce sera le festival Politikos, du 1er au 4 novembre (https://www.politikos.film/).

Scène de débâcle à Davos.
Scène de débâcle à Davos.

L’idée géniale

Un soir, au restaurant, un convive aborde le sujet. Il a une idée et elle convainc immédiatement ses interlocuteurs. Par bonheur, ce sont trois présidents de collectivité locale (la scène est racontée dans Le Mensuel de Rennes de septembre 2018, page 30). Lui est journaliste et cinéaste. Sa solution est d’une simplicité pleine de candeur : utiliser l’argent public géré par les élus pour justement parler des élus à qui il est reproché de malmener la chose publique. Banco, illico une asso est créée par le publiciste, aussitôt dotée de la belle somme de 250 000 euros en subventions publiques. Pourquoi trainer, pourquoi lésiner ? Tout est si facile lorsqu’on se connait bien (https://www.politikos.film/debats/intervenants/).

La région Bretagne donne donc 190 000 euros (quand même) mais sur des fonds “dédiés à l’attractivité du territoire”. Sic. Voilà qui dit  bien le montage tout en forme d’auto-promotion de l’affaire, bien loin du cinéma et du débat public… Le département donne 30 000 euros (le président est par ailleurs invité du festival…), la DRAC Bretagne également sur injonction du Ministère (on a le bras long à Rennes, même dans l’opposition). La Métropole de Rennes alloue 100 000 euros… pour couvrir la location des Jacobins. LOL. Par tout cela, il saute évidemment aux yeux que le citoyen est le grand gagnant de l’affaire, enfin plutôt ceux qui exercent [le pouvoir], le filment et le couvrent pour le compte des grands médias. (AFP).

« Difficile, impensable et inconcevable de créer un festival qui a cette vocation (la mise en scène du pouvoir politique, NDLR) sans les pouvoirs publics, explique de son côté Jean-Michel Djian » (Ouest-France, 18 septembre). On l’a vu, c’est surtout la voie la plus directe pour se faire financer ! Ce type d’aventure politico-médiatique n’est pas nouveau à Rennes, on se souvient par exemple des Forums Libé et de leur formidable impact sur l’investissement citoyen à Rennes…

Politikos, hélas c’est là qu’est l’os !

« Ce n’est pas un business, cette affaire ! C’est un travail que nous souhaitons citoyen et c’est le rôle des élus d’accompagner, de prendre le risque de nous aider, comme d’aider d’autres structures. » (Ouest-France, 18 septembre)

Pas besoin de grand business model effectivement pour ce qui est juste de l’argent public au service de la promotion de professionnels de la politique. Valoriser encore la parole de ceux-là mêmes qui sont activement responsables de la dégradation du sentiment politique, les citoyens n’attendaient-ils que cela pour se réconcilier avec leurs élus ? Bien sûr que non. Nous sommes bien devant un nouvel avatar de citizen washing, version publicitaire et touristique.

Ceux qui souhaitent l’émancipation et la fin de la politique spectacle, ils se retrousseront encore les manches ! C’est sans doute “impensable et inconcevable” pour les organisateurs et les intervenants de Politikos, mais l’action citoyenne s’invente très bien sans eux.

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